« La demi-déesse »

 

          Drina était une mortelle qui vivait à Athènes. Athènes était une ville charmante, avec des ouvrages qui s’élevaient, d’une taille exceptionnelle, d’une beauté et d’une grâce inimitables. La ville d’Athènes proprement dite est un rocher au milieu d’une plaine, avec des habitations tout autour. Ce rocher porte le sanctuaire d’Athéna, avec le temple archaïque de la déesse protectrice de la cité, où brûle la lampe qui ne s’éteint jamais.

          Elle n’avait pas connu son père, mais vivait avec sa mère qui était malade de la peste. Drina était célèbre pour son chant divin. Elle chantait pour gagner de l’argent afin de pouvoir soigner sa mère. Mais ce qu’elle ne savait pas, c’est que son père était Asclépios, le dieu de la médecine.

          Un jour la mère de Drina, terriblement souffrante et proche de la mort, annonça l’horrible nouvelle à sa fille. Drina alla chercher un médecin, qui lui dit qu’il n’y avait  qu’un seul moyen de la guérir.

- Docteur, savez-vous s’il y a un antidote qui pourrait guérir ma mère ?

- Oui, va dans le Péloponèse pour chercher l’unique fleur d’argent. Cette fleur a la capacité de guérir n’importe quoi, même les émotions négatives. Mais la fleur disparaît à la pleine lune, qui arrive dans cinq jours, et elle reviendra dans cinquante ans.

          Drina promit  à sa mère de trouver cette fleur avant la pleine lune, et de la guérir le plus tôt possible. Drina se mit  en route vers la péninsule du Péloponèse, sans savoir vraiment où aller.

          Elle prit un chemin de briques jaunes, bordé de champs de coquelicots. Il y avait des hirondelles qui, parfois, passaient dans le ciel. Elle croisa un personnage dont l’apparence lui fit peur. Ce personnage était laid, et d’une taille stupéfiante. Ses oreilles étaient poilues et ses dents pointues. Mais ce qui fit le plus peur à Drina, c’est qu’il tenait dans sa main un bâton sur lequel il y avait un serpent.

          Mais Drina prit son courage à deux mains et osa lui demander s’il savait où se trouvait la fleur d’argent. Le mystérieux personnage lui conseilla d’aller sur le terrible mont Kyllini.   

          Arrivée sur le mont Kyllini, Drina entra dans une forêt sombre et mystérieuse. D’après les légendes, la plupart des personnes qui y entraient se faisaient piéger et dévorer par d’horribles créatures. Drina avait peur, mais elle se dit qu’au fond d’elle-même, elle préférait mourir avec courage plutôt que vivre sans sa mère. Arrivée près d’une cabane abandonnée, elle eut faim et partit chercher de la nourriture. Après avoir cherché un peu partout autour de la cabane pour ne pas se perdre, elle trouva enfin un buisson rempli de baies. Elle cueillit le plus de baies possibles, et retourna vers la cabane.

          Au bout d’un moment, Drina vit les baies bouger, mais elle se dit que c’était le fruit de son imagination. Elle regarda les baies plus attentivement... Elles tremblaient, puis se mirent à trembler d’une manière tellement violente, qu’elles se transformèrent en un monstre horrible : « Ah ! C’est quoi ce monstre, la légende disait vrai alors, il faut que je parte au plus vite avant qu’elles me dévorent ! »

          Aussitôt, Drina s’enfuit sur un chemin dont elle ne savait pas où il menait. À force de courir, Drina arriva à Épidaure, où elle tomba, épuisée. Là, Asclépios lui apparut, et grâce à ses pouvoirs divins il l’emporta dans les airs pour une traversée pendant laquelle ils dialoguèrent.

- Re-bonjour, Drina.

-  A... Asclépios, le dieu de la médecine ?

-  Oui, et l’homme effrayant de la forêt.

-  C’était vous alors. J’ai eu si peur ! S’il-vous-plaît, pourriez-vous guérir ma mère ?

- À une condition, si tu veux que je la guérisse il faudra me donner une âme pure, et c’est la tienne que je veux.

-  J’accepte que vous preniez mon âme.

- Tu as un bon état d’esprit, c’était une ruse pour te tester. Tu mérites que je guérisse ta mère, et que tu hérites de mes pouvoirs.

          De retour à Athènes, Drina guérit sa mère, qui lui révéla qu’Asclépios était son père. Grâce à cette aventure, Drina avait appris : qu’il faut être courageux pour obtenir ce que l’on veut ; que même si quelqu’un a une apparence physique qui fait peur, au fond de lui il peut avoir un bon coeur ; qu’il faut savoir être patient et garder espoir. Elle devint la déesse du courage et de l’aventure.